Petition du collectif dans Le Courrier

Petition du collectif dans Le Courrier

Les nuits genevoises s’ouvrent aux plus jeunes

Jeudi 21 janvier 2016. Par Roderic Mounir in Le Courrier.

Un collectif d’associations de jeunes, auteur d’une pétition, obtient à l’essai la gestion d’une salle aux Terreaux-du-Temple.

Le centre-ville genevois comptera bientôt un nouveau lieu nocturne, culturel et festif. Accessible aux jeunes dès 16 ans, cet espace au nom encore indéterminé se nichera au 6, rue des Terreaux-du-Temple, sous la salle du Faubourg. Ce vaste local de 190 m2, avec parquet en bois, coin cuisine et buvette, est pour l’heure dévolu aux activités diurnes des habitants des quartiers de St-Gervais, Seujet et Voltaire. Quatre soirs par semaine, du mercredi au samedi, il accueillera des discos, apéros, vernissages et autres événements associatifs. En principe dès la fin mars, moyennant quelques aménagements. La capacité pourrait passer de 100 personnes actuellement à 150, voire davantage.

Obstacles aux jeunes

La Ville répond ainsi à la demande du «Collectif pour une vie nocturne riche, vivante et diversifiée» de pallier le manque de lieux de sorties pour les jeunes. Il s’agit aussi de valoriser des infrastructures publiques sous-utilisées. Auteur d’une pétition forte de 2326 signatures, le Collectif qui rassemble une trentaine d’associations se voit donc déléguer la gestion d’une salle. «A l’essai durant six mois, reconductibles», précise Sami Kanaan, conseiller administratif en charge de la Culture.
«Ce sera un lieu géré par des jeunes pour des jeunes», se réjouit Adrien Rufener, membre du Collectif. Lors de son audition par la commission des pétitions du Grand Conseil, il soulignait les problèmes auxquels la jeunesse est confrontée: difficulté à accéder aux boîtes de nuit, prix prohibitifs dans les établissements publics, voire stigmatisation des 16-18 ans. En effet, certains cafetiers qui, notamment à la rue de l’Ecole-de-Médecine, leur refusent l’accès, leur imputent de fait les nuisances sonores. Alerté sur ces pratiques, le Service du commerce s’est chargé du rappel à la loi. Reste que les jeunes font souvent la fête dans les parcs, créant des tensions avec le voisinage.

Pragmatisme et souplesse

L’originalité du projet des Terreaux-du-Temple est qu’il repose sur un concept de gestion associative proposé par le Collectif lui-même. Il s’inspire de l’étude sur les nuits genevoises menée en 2010 par le Grand Conseil de la Nuit, prolongée par une traversée nocturne de la ville, didactique et publique, organisée en septembre 2013. De leur côté, le Service de la jeunesse et le Département de la culture sont allés constater à Zurich le pragmatisme des autorités en matière d’autorisations ponctuelles de soirées jeunes (Jugendparty-Bewilligung).

L’activité proposée aux Terreaux-du-Temple devrait ainsi bénéficier du régime de «manifestation ponctuelle», afin d’échapper aux contraintes posées aux établissements permanents par la LRDBHD, la loi sur le débit de boissons et divertissement tant décriée par le monde associatif.

«Il faut simplifier les formalités administrative et saisir toutes les opportunités, y compris temporaires», résume Sami Kanaan. Adrien Rufener met pour sa part l’accent sur «l’apprentissage de la vie nocturne, favorisé par la mixité des publics». Aux Terreaux-du-Temple, le Collectif voisinera avec l’association Wunderbar, dévolue aux plus de 35 ans. Visiblement, les jeunes ne sont pas les seuls ostracisés des nuits genevoises.

Lien vers l’article